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Alexandre Castro
Alexandre Castro
Conseiller en gestion de patrimoine agréé.

Les actionnaires sont-ils des voleurs ou des piliers de la société ?

Sommaire

Les actionnaires sont-ils des voleurs ou des piliers de la société ?

 

Lorsque l’on parle d’actionnariat – surtout en France – les avis divergent. Les uns estiment que les actionnaires ne sont que des êtres sans scrupules dont l’unique but est de se faire de l’argent sur le dos des honnêtes gens, tandis que les autres savent pertinemment que sur eux reposent la survie voire la vie de l’entreprise.

Les actionnaires sont-ils les monstres que nous décrivent les médias ?

Quand j’entends le mot “actionnaire“ je ne peux m’empêcher de penser à ces reportages télévisés dans lesquels nous voyons des salariés s’offusquer devant les dividendes soi-disant démesurés accordés aux actionnaires de la société qui les embauche.

Cependant ils oublient souvent un détail qui fait pourtant la différence : sans ces “salauds tout en haut“ la société n’existerait même pas, les emplois qu’elle crée non plus et les détracteurs de ceux qui ont pris tous les risques au départ n’auraient ni salaire, ni protection sociale, ni droit au chômage, ni quoi que ce soit qui leur permettrait de subvenir à leurs besoins et/ou à ceux de leurs foyers.

Quant aux actionnaires, qui sont parfaitement conscients de leur pouvoir financier, ils ont souvent tendance à entretenir cette flamme de haine qui brûle le cœur de ces salariés se sentant sous-payés comptes tenus du travail qu’ils fournissent au quotidien.

Au final, tout repose sur une incompréhension mutuelle et si tout le monde comprend bien le rôle qu’occupe le salarié au sein d’une entreprise, il est plus difficile de déterminer celui de l’actionnaire, qui souvent n’est même pas présent physiquement dans les bureaux de ladite société.

 

Qui sont donc ces actionnaires ? Quel est leur rôle ? Pourquoi sont-ils si grassement récompensés ? Voici quelques éléments de réponse. 

Lorsque la société voit le jour puis plus tard durant son développement, elle se doit de lever des capitaux. Ceux-ci peuvent être injectés par ses fondateurs ou par des investisseurs extérieurs. Quoiqu’il en soit, dès lors que ceux-ci détiennent des actions de la société ils sont nommés “actionnaires“ et possèdent à ce titre un droit financier sur les actions détenues : les dividendes, qui leur sont versés en fin d’année si la santé financière de l’entreprise le permet.

Les actionnaires sont donc ceux qui prennent le plus de risques puisqu’ils injectent des fonds dans un projet qui au départ est incertain. Celui-ci peut tout autant leur rapporter gros que faire faillite et dans ce second cas les actionnaires perdront tout ce qu’ils auront mis sur la table lors de la création de la société et/ou de l’augmentation de capital que celle-ci aurait effectuée. Ils croient en une simple idée et s’impliquent financièrement pour qu’elle se concrétise, se matérialise… par l’acquisition d’un local, de machines, de matériel ; par l’embauche de salariés, l’achat de biens et de services auprès de sociétés qui embaucheront à leur tour des salariés…

Prenons l’exemple d’Apple : la société embauche plus de 116.000 personnes à travers le monde. En parallèle Foxconn, l’un de ses principaux sous-traitant, emploie plus de 1.2 millions de personnes dans ses usines en Asie. Les actionnaires d’Apple contribuent donc de manière directe ou indirecte à la santé financière de 1.316.000 foyers (nous ferons abstraction des débats concernant les conditions de travail des salariés de Foxconn, ce n’est pas l’objet de cet article).

 

Malgré tout, les actionnaires sont les derniers récompensés… bien après les salariés !

Les salariés d’une société sont liés à elle par des contrats de travail. Ceux-ci déterminent leurs fonctions, leurs horaires, leurs droits et obligations ainsi que leur rémunération. Cette dernière est donc connue à l’avance et leur assure une certaine sécurité financière. Personne ne les a forcé à signer leur CDD ou leur CDI : ils en connaissent les tenants et les aboutissants et acceptent de travailler dans le cadre ainsi déterminé.

Pourtant ce sont bel et bien les actionnaires, sans qui tous ces emplois n’existeraient pas, ceux-là même qui ont pris des risques financiers considérables dès le départ qui sont payés en derniers, si et seulement si la société réalise des bénéfices.

En effet, une société va d’abord honorer les contrats de travail établis avec ses salariés en leur payant les salaires qu’elle leur doit. Elle va également payer ses fournisseurs, ses dettes sociales (cotisations salariales et patronales) et fiscales (impôts et taxes) et une fois l’année terminée, le comptable détermine le résultat de la société. Si celui-ci est négatif les actionnaires n’ont aucun dividende… Pour autant les salariés ont bien touché leurs salaires ! Si le résultat est positif et une fois l’impôt sur les sociétés (IS) payé, la question se pose d’affecter l’excédent à des réserves ou bien de le distribuer aux actionnaires sous forme de dividendes. Les actionnaires sont donc bien les derniers à être payés et contrairement aux salariés, si la société ne réalise pas de bénéfices, ils repartent une main devant une main derrière.

 

Des dividendes aussi gras qu’un verre d’eau plate.

“CAC40 : 46,8 milliards d’euros de dividendes versés en 2018“ ; “Le CAC40 est très généreux avec les actionnaires“ : tels sont les titres que l’on pouvait lire dans les journaux suite à la publication des dividendes versés aux actionnaires des sociétés du CAC40 en 2018 pour les résultats de 2017. Forcément, présenté de cette manière, il y a de fortes chances d’offenser les anticapitalistes et de les entendre crier au scandale. 46,8 milliards d’euros ! J’entends d’ici mon grand-oncle avec ses phrases toutes faites sur les riches et leur fâcheuse tendance à dépouiller les plus démunis pour s’enrichir toujours plus… Quelle ignorance. Et si nous remettions plutôt ces chiffres dans leur contexte ? Évidemment si ces 46,8 milliards représentent 3000% de retour sur investissement cela pose un éventuel problème d’éthique vis-à-vis des salariés de ces fameuses sociétés… La question est donc de savoir à quel rendement correspondent tous ces milliards distribués aux actionnaires.

Surprise : au titre de l’année 2017 (dernière distribution effectuée à ce jour), le rendement des actions du CAC40 s’élève à 3,6%. Est-ce si démesuré ? Je vous laisse vous faire votre propre avis à ce sujet. Et si cela peut vous aider à répondre à cette question, voici d’autres informations qui pourraient vous être utiles :

  • Lorsqu’une entreprise souhaite se développer, deux options s’offrent à elle : émettre des actions qui seront rémunérées en fonction des résultats réalisés, ou passer par un emprunt bancaire et rembourser une banque plutôt que des actionnaires. A titre purement indicatif, le taux d’emprunt bancaire moyen pour le financement d’un projet de développement en société peut aller de 1,5 à plus de 5%. Autrement dit : est-il moins moral de rémunérer des actionnaires à 3,6%, ou des banques jusqu’à plus de 5% ?

 

  • Pour 2017, près de 60% des salariés ont perçus une prime d’intéressement et de participation aux résultats, pour un montant moyen de 2.422€, soit 17 milliards d’euros distribués au total. Si un actionnaire voulait percevoir 2.422€ d’intérêts cette même année en rémunération de ses actions, il lui aurait fallu investir plus de 67.000€ (2.422€ / 3,6%) dans le projet. Autrement dit : est-il moins louable de percevoir 2.422€ en tant qu’actionnaire après avoir investi 27 fois ce montant dans un projet pour lequel nous n’avions aucune garantie de remboursement, ou de percevoir cette même somme à titre gracieux et en plus des salaires déjà perçus en tant que salarié sans compter le confort qu’offre par ailleurs le CDI qui nous lie à la société en question ?

 

Étrangement je suis certain que les dividendes versés aux actionnaires pour rémunérer leur prise de risque vous paraissent tout de suite moins gras que ce que vous ne l’imaginiez. Toujours à titre indicatif, un investisseur immobilier chevronné n’aura aucun mal à aller chercher plus de 10% de rendement sur ses investissements… Sont-ils aussi critiqués que les actionnaires ? Ils le sont, mais beaucoup moins.

 

Les actionnaires sont le moteur de la société, les salariés en sont le carburant.

Par leur engagement moral et financier, les actionnaires constituent le moteur de la société : sans eux elle ne démarre pas. Par leur travail quotidien, par les biens et services qu’ils fournissent, par les contrats qu’ils permettent d’honorer les salariés alimentent ce moteur. Ensemble, la force financière des uns et l’implication des autres font avancer le véhicule qu’est l’entreprise. Sans moteur, inutile de faire le plein d’essence ; sans essence, le moteur ne tourne pas. Tout est une question de point de vue.

Ceci étant si vous lisez cet article il y a de fortes chances pour que vous soyez à la recherche d’investissements plus rémunérateurs que votre livret A, comme l’acquisition d’actions par exemple. Si tel est le cas, si à votre échelle vous êtes prêt à assumer cette image d’actionnaire sans pitié, CSCONSULTING est là pour vous. La question qu’il faut désormais vous poser est la suivante : ai-je plus d’intérêt à cracher sur les actionnaires (et les investisseurs immobiliers) ou à faire comme eux pour tirer profit d’investissements qui, au final, sont loin d’être aussi immoraux que ce que l’on veut bien nous faire croire, voire qui contribuent de manière directe à l’économie et sans lesquels la situation serait pire… ?

 

 

Alexandre Castro

CGP associé – CSConsulting SARL

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